lundi 18 février 2008

Un hypothétique appui de la population

Le gouvernement n’est pas nécessairement lié à la volonté populaire pour établir des lois et passer des règlements. Parfois, l’intérêt public exige d’aller au devant voire à l’encontre de l’opinion de la majorité. Mais, dans une perspective démocratique, les élus font appel aux attentes de leurs commettants et se targuent de s’appuyer sur l’appui de ceux-ci. C’est ainsi que, reprenant un communiqué de presse de mai 2005, le site du ministère de l’Éducation énonce que le programme Éthique et culture religieuse est «largement souhaité par une majorité de Québécois». Or, rien n’est assuré là-dessus, d’autant plus que la version approuvée demeure très questionnable au plan éducatif. J’ai demandé aux responsables de m’indiquer sur quelles données se fonde une telle affirmation et j’attends toujours la réponse promise. Le manque de réalisme sur l’acceptation du nouveau programme peut entraîner de lourdes conséquences : prendre pour acquis ce qui ne l’est pas, précipiter la mise en œuvre, faire face à des objections et des rejets inattendus… Finalement, ne pas vraiment apporter de solution durable au problème visé.


C’est avec raison que, dans son récent de février 2008 avis sur la modification du régime pédagogique, le Conseil supérieur de l’éducation rappelle «que le programme Éthique et culture religieuse proposé comme matière obligatoire au primaire et au premier cycle du secondaire entraîne un changement profond. Il touche aux croyances et aux valeurs éthiques, religieuses et spirituelles des enseignants, des parents, des élèves et des communautés, dans un contexte où le débat sur la place de la religion à l’école se poursuit encore» (p.10).

Au lieu de se leurrer sur l’appui au futur programme obligatoire, ne vaut-il pas mieux tenir compte de ce qu’il en est réellement et prévoir certains moyens pour remédier aux difficultés prévisibles. Le Ministère s'est engagé à fournir de l’information aux parents : celle-ci risque de demeurer inefficace si elle table au départ sur un appui massif de ceux-ci.

Roger Girard roger.girard.1@ulaval.ca

Aucun commentaire: