lundi 8 septembre 2008

ÉCR : ne pas prendre les parents pour des enfants d’école

Les événements des derniers jours laissent présager que plusieurs parents ne démordront pas facilement de leur conviction d’être lésés dans leurs droits et responsabilités d’éducateurs de leur propre enfant. L’imposition du programme Éthique et culture religieuse leur apparaît injustifiée eu égard, entre autres, à l’exercice de la liberté de conscience et de religion pour l’éducation de leur enfant ainsi qu’aux dispositions contraignantes de la loi 95, assorties d’une modification de la Charte des droits et libertés de la personne. Le spectre d’un interminable bras de fer juridique pointe déjà à l’horizon, d’autant plus qu’une décision de cour laissera immanquablement un relent d’amertume chez les gens qui sortiront perdants de l’affaire. Comment se fait-il que nous en soyons rendus là? Plus que jamais, il vaudrait la peine de chercher à mieux comprendre ce que nous vivons comme société sur cette question lancinante de «la place de la religion à l’école». Se pourrait-il que l’on ait escamoté un ou deux chapitres de notre histoire récente à ce sujet.

Lors des rencontres à Valcourt et à St-Cyrille les 5 et 6 septembre derniers,, la réaction des responsables ministériels me semble un peu trop paternaliste face aux parents «récalcitrants». Quand on se limite à répéter les deux grandes finalités du programme, on ne fait qu’attiser la méfiance en évoquant ces «belles» valeurs qui servent de crémage sur un gâteau jugé nuisible à la santé. Quand on leur dit simplement que dorénavant «la transmission de la foi» n’est plus l’affaire de l’école et que c’est à la paroisse de s’en occuper, on rappelle ce que les parents savent puisque la chose est de mise depuis 20 ans. D’ailleurs, on oublie alors que plusieurs des parents contestataires, d’obédience protestante, s’emploient déjà à une forte transmission religieuse dans leur famille et dans leurs communautés. Le problème loge donc ailleurs. Sans envisager ici le fait que même des parents ne professant aucune religion demandent également l’exemption.

Se mettre davantage à l’écoute des parents afin de percevoir plus clairement leurs attentes et leurs revendications de sorte que les interventions à leur endroit permettraient d’explorer certains «accommodements». Peut-être aussi vérifier si les consultations ont été vraiment assez claires et complètes, et si le programme répond suffisamment aux préoccupations éducatives des parents en matière de formation éthique et de culture religieuse. Il ne suffit pas de dire que les enseignants combleront dès cette année la formation manquante pour éteindre les inquiétudes reliées au programme lui-même.

Espérons que le rapport remis par les représentants ministériels à la suite des deux rencontre aide la Ministre à trouver rapidement des pistes de solution, au moins pour la présente année scolaire.